JEAN 1er DUC DE BRABANT (1254-1294)
Jean 1er, homme d’état.
Deuxième fils d’Henri III, duc de Brabant, et d’Alix de Bourgogne, Jean 1er naquit en 1254. Après la mort précoce de son père an 1261, la régence de sa mère et l’abdication de son frère aîné, il devint septième duc de Brabant en 1268. Le règne de Jean 1er fut imprégné d’une grande perspicacité des problèmes politiques de son temps. De par ses mariages avec Marguerite de France, fille du roi Louis IX et, après le décès de celle-ci, avec Marguerite de Flandre, fille de Guy de Dampierre, il parvint à s’allier le soutien ou la neutralité de puissants voisins. Dans sa lutte pour la conquête du duché de Limbourg, il réussit à neutraliser l’évêque de Liège et, moyennant quelques concessions, il s’attira l’appui du comte de Hollande. Les villes brabançonnes se rangèrent également sous sa bannière. Prévoyant un conflit entre la France et l’Angleterre, il maria son fils Jean II avec Marguerite d’York, fille du roi d’Angleterre. Ses successeurs récolteront les fruits de cette politique d’équilibre des forces.
La bataille de Worringen
La bataille de Worringen et l’annexion du Limbourg constituèrent le point culminant de son règne. La duchesse de Limbourg étant morte sans enfants en 1283, l’empereur offrit à son époux, le comte de Berg, l’usufruit à vie de sa succession. Cependant, de nombreux autres concurrents firent valoir leurs droits à la succession. Jean 1er racheta les droits du comte de Berg et s’attira du coup l’hostilité des autres prétendants : Gueldres, Luxembourg, Fauquemont, l’archevêque Siegfried de Cologne.
Jean 1er envahit la Rhénanie et, le 5 juin 1288, fut engagée la bataille de Worringen sur le Rhin. Jean 1er sortit vainqueur en dépit d’une puissante coalition qui se dressa contre lui. Il dut cette victoire à une stratégie supérieure et à des erreurs tactiques de la part de ses adversaires.
Jean 1er fut confirmé dans ses droits au Limbourg par le jugement arbitral du roi de France, «Louvain au riche duc, Limbourg à qui l’a conquis» fut dorénavant la devise des ducs de brabant. L’objectif longtemps poursuivi par les souverains du Brabant s’était réalisé. Les deux contrées restèrent unies au sein d’une union personnelle jusqu’à la fin du XVIIIe siècle.
Jean 1er, chevalier.
Le règne de Jean 1er ne fut pas uniquement un succès sur le plan politique et militaire. En effet, le souverain, lui-même versé dans la poésie, inspira à son tour de nombreux artistes. Il se distingua également en tant que législateur et il fut l’archétype du chevalier courtois.
D’après les chroniqueurs de l’époque, Jean 1er se fit une solide réputation à la vie chevaleresque dans ses aspects les plus divers. Vouant une passion effrénée aux grands tournois et joutes, il ne trouva dans l’arène aucun adversaire de son envergure. Ces manifestations s’accompagnèrent de somptueuses festivités pour lesquelles il ne lésina pas à se lancer parmi les chevaliers courtois et sa notoriété s’étendit bien au-delà de nos frontières.
Dans son existence, ponctuée de nombreuses festivités, quelques points d’ombres, dont un énorme besoin d’argent, furent perceptibles. Sa grande amitié des dames lui valut également d’opulentes dépenses. Les abbayes et la noblesse furent lourdement taxées de sorte qu’il fut contraint de composer avec celles-ci.
Jean 1er eut une mort digne d’un chevalier. Lors d’une joute organisée par le duc de Bar, il fut mortellement blessé et, à peine âgé de quarante ans, il succomba quelques jours plus tard, le 3 mai 1294.
Jean 1er, législateur.
En tant que législateur, Jean 1er se fit une solide réputation. Il composa avec les abbayes et la noblesse et de nombreuses villes se virent octroyer des privilèges en récompense de leurs soutien dans la bataille de Worringen, notamment Anvers, Bruxelles, Lierre, Léau et Hérentals.
Dans le domaine de l’histoire du droit, les chartes de 1292 demeurent importantes. Elles précisent le testament de son père (1261) et contiennent, outre un code pénal, de nombreuses clauses de procédure. L’administration et la juridiction furent également réglementées et permirent aux citoyens d’assigner des juges malhonnêtes, qui furent alors destitués par le souverain. Des dispositions régissant les droits des étrangers séjournant dans le Brabant furent également prévues.
Les chartes de jean 1er occupent une place importante parmi les chartes, privilèges et testaments de ses ancêtres qui, progressivement, réalisèrent l’état de droit brabançon.
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