Cest en 1810 quHenri de Gorge, marchand de charbon originaire de lancien Hainaut français, racheta le charbonnage du Grand-Hornu. Cétait lépoque où le Borinage exportait à lui seul, les trois quarts de la production belge du charbon.
En quelques années, cet homme avisé et compétent fit du Grand-Hornu, sur le plan de la production, le troisième charbonnage du Bassin du Couchant de Mons. Il y réalisa plusieurs expériences et innovations dans les techniques dextraction, plaçant ainsi cette exploitation à la pointe du progrès.
Mais la réalisation de loin la plus importante de Henri De Gorge, reste sans conteste le vaste complexe de bâtiments industriels et la première cité ouvrière moderne quil fonda à Hornu dès avant 1825. Cet ensemble est un exemple unique sur le continent européen, durbanisme fonctionnel du début de la grande ère de lindustrialisation.
Erigé autour dune cour de forme elliptique, à proximité du puits dexploitation, les bâtiments industriels comportaient dune part de vastes ateliers où étaient construites toutes les machines pour lexploitation houillère et, dautre part, les bureaux de la direction et les services administratifs. Par ailleurs, les anciennes écuries et les magasins entouraient une deuxième cour en forme de quadrilatère, appelée «basse-cour» et accolée à lellipse.
Mais, au-delà de ses préoccupations strictement professionnelles et économiques, Henri De Gorge avait le souci du bien-être de ses ouvriers. Ce fut le premier promoteur dhabitations sociales. Entre 1819 et 1832, il fit construire quelque 400 maisons pourvues dun certain confort et il érigea ainsi une vaste cité ouvrière où étaient aménagés des espaces verts pour les enfants et des lieux de détente pour les adultes. De plus, des réalisations très en avance sur leur temps, telles que des lavoirs et bains avec distribution deau chaude, une salle de réunion et une bibliothèque, font de la cité du Grand-Hornu le premier ensemble durbanisme fonctionnel aussi important et aussi moderne du monde entier. Cétait vraiment une réalisation sociale étonnante pour son époque.
Cest cet ensemble extraordinaire, ce témoin prestigieux des premiers temps de lère industrielle quun architecte du terroir a voulu sauver.
Tâche énorme, sil en est, la restauration commencée en 1971, a déjà grandement progressé. Il faut signaler notamment, louverture dans les anciennes écuries dune galerie dart où sont présentées régulièrement des expositions dune très grande qualité. Larchitecte a également installé ses bureaux au Grand-Hornu, ce qui lui permet de concevoir les habitations des hommes du XXe siècle, dans un cadre architectural qui rappelle dune façon remarquable lhistoire dune des plus prestigieuses industries de son pays.